Muscadeath 2025 – deux jours de fureur noire et de déflagrations death à Vallet
Après avoir dévoilé une affiche solide et un running order millimétré, le Muscadeath 2025 a tenu toutes ses promesses.
Deux jours intenses à Vallet, entre atmosphères occultes, prestations extrêmes et belles découvertes — le tout porté par une organisation impeccable.
Voici le retour croisé d’Hélo (Objectif Live) et Fredouille (Nightfall in metal earth) sur cette 23ᵉ édition.
Présentation du Muscadeath 2025 (affiche + running order)
Vendredi 19 septembre 2025 – Soirée Black Metal
VILLES ARDENTES
Hélo : Pour cette première soirée traditionnellement dédiée au Black Metal à Vallet, c’est VILLES ARDENTES qui a la tâche ardue de lancer les hostilités, dans une salle qui se remplit peu à peu en raison de l’horaire assez précoce en tout début de soirée (18h30).
Après l’avoir découvert aux Ateliers de Bitche l’hiver dernier pour la release party du nouvel opus de CIRCLES OV HELL, je suis assez curieuse de voir l’évolution de ce groupe que j’avais trouvé très jeune sur scène (la formation date de 2021) et avec de petits réglages à faire encore. On voit que le groupe a progressé mais la dichotomie entre le chanteur (très Black Metal dans l’allure, le costume et le chant) et les autres musiciens (le guitariste et le batteur) reste encore visible, même si ça tient bien la route musicalement (Black/Indus). Les thématiques historiques abordées lorgnent sur les mouvement sociaux (« terres rouges »), donnant son titre à un premier album plutôt engagé (« Années rouges », 2023).
Fredouille : Personnellement, ce premier concert, bien qu’honnête ne me laissera pas un souvenir impérissable, la faute à des compositions qui manquent véritablement d’originalité. On sent également un groupe un peu hésitant par moments.
USQUAM
Hélo : Autre groupe découvert cette fois au Cold Crash il y a quelques mois en première partie de Mòr, j’avais bien aimé la musique mais un peu moins la voix de la chanteuse d’ USQUAM. Pour sa venue au Muscadeath, la formation parisienne ne lésine pas sur le spectacle et propose un set puissant, autour d’un Black mélodique équilibré. Si « Usquam » signifie en latin « en tout lieu », nul doute que le groupe saura définitivement trouver sa place sur la scène française !
Fredouille : USQUAM est un des gros coups de cœur du week-end pour moi (je leur ai même acheté un T-shirt et leur dernier album « Ex-nihilo » de très bonne facture (une production de surcroit de qualité et chaleureuse avec des compositions pour le moins épiques), le groupe Parisien m’a fait un peu l’effet de HOULE l’an dernier (dans un style un peu différent certes même si ça reste du Black Metal).
Le groupe a vraiment de chouettes compositions bien pensées, ficelées et la vocaliste Jessy plutôt charmante avec quelques dandinements (notamment sur les passages un peu plus planants, orientaux, voire même Doom) assure au niveau du chant que ce soir au niveau des vocalises claires ou typiquement Black Metal. Enfin, la partie solo guitare est vraiment intéressante là aussi (dommage que ce guitariste ait quitté le groupe depuis) et c’est un vrai plus au niveau des compositions. Set robuste donc avec un Black Metal mélodique plutôt bien foutu et renforcé par un son de qualité rendant donc hommage aux compositions épiques d’USQUAM.
VERSATILE
Hélo : Versatile : spectacle assuré pour cette formation suisse dont on a beaucoup entendu parler depuis quelques mois (même si le groupe a été formé en 2019). Leur black teinté d’horror est très visuel et se prête particulièrement bien à la scène, à grands renforts de costumes et maquillages savamment orchestrés. En effet, pour cette découverte live (après les avoir ratés lors du concert pré-Rituel Noir organisé par LADLO en mai dernier), c’est une bonne surprise, le frontman assure le show et le batteur vient sur le devant de la scène (voire saute dans la fosse!), dommage pour les percus sur bande : un son live et brut aurait apporté un petit « plus » bien authentique à la prestation. On pourrait toutefois souhaiter davantage de puissance sonore. Enfin, la participation surprise d’AleXX (sans le reste de son groupe (« Fatal Facial ») ajoute au spectacle, on passe un bon moment sur l’ensemble du set.
Fredouille : Belle découverte et curiosité effectivement avec ce groupe suisse qui a assuré un set jusqu’au boutisme (l’ensemble des musiciens sont maquillés et costumés) et pour le moins original puisque leur Black Metal par endroits bruitiste il faut quand même le souligné est teinté d’indus et même de passages carrément technos ce qui en fait totalement l’originalité. Chapeau au frontman presque habité par l’ambiance des compositions et qui a délivré une prestation énergique.
DEATHCODE SOCIETY
Hélo : c’est pour moi l’un des groupes les plus attendus, après une première découverte sur scène il y a près de 10 ans. Puissance de feu et intensité sonore sont au RDV, pour un show imposant de black symphonique bien carré, qui joue parfaitement sur le fil, entre gros son et parties plus mélodiques. Mention spéciale aux costumes (ah, ces petits masques de médecins à l’époque de la peste !).
Fredouille : Je n’ai pas grand-chose à rajouter par rapport à Hélo, je ne connaissais pas du tout ce groupe et ce fut là aussi une sacrée découverte avec un Black Symphonique plutôt bien maitrisé et qui a envoyé du lourd. Je tenterai l’écoute sur disque pour sur !
BELPHEGOR
Hélo : petite inversion de running order, la tête d’affiche s’invite un peu plus tôt dans la soirée, pour un concert parfait : le bruit et la fureur des Autrichiens entre deux croix renversées, le tout dans des vapeurs parfois bleutées hypnotiques, ça passe à toute vitesse, le groupe démontre une fois encore qu’il compte parmi les poids lourds de la scène black internationale.
Fredouille : J’ai découvert le groupe sur scène ce soir. Grosse prestation et quelques décors (mise en scène – sons de cloche..) ont parsemé un set très solide des Autrichiens bien en place (vu leur CV le contraire aurait été étonnant) qui font bien évidemment partie des pointures du genre. Le set est passé à une vitesse folle c’est dire si nous ne nous sommes pas ennuyés sur cette heure de show particulièrement carré.
ASAGRAUM
Hélo : Enfin, Asagraum clôture la soirée, c’est pour moi la découverte live de ce groupe féminin (sauf en live, justement) venu des Pays-Bas, qui délivre un black un peu brut et super efficace, j’ai adoré! Je n’avais jamais eu l’occasion de le voir alors que le groupe fête déjà son dixième anniversaire ! Au rayon influence, les deux fondatrices citent le Black old school principalement de la scène norvégienne, avec une touche psychédélique, et ce mélange détonnant est fichtrement réussi ! C’est d’autant plus dommage que la salle s’est en partie vidée après le set de Belphegor…
Fredouille : j’étais de mon coté au bas de la scène donc perso, je n’avais pas vu que la salle s’était partiellement vidée, profitant de ma proximité avec la guitariste vraiment impassible. ASAGRAUM officie dans un Black Metal sataniste d’après ce que j’en avais lu. Pas effrayant pour un sou pourtant, j’ai beaucoup aimé leur Black Metal old School qui ne fait pas dans la dentelle certes, mais qui est vraiment très bien ficelé avec de belles variations et montées en puissance, agrémentées aussi de touches mélodiques salvatrices. Très belle découverte pour moi qu’est ASAGRAUM groupe de femmes à la base… Mais pour ce set carré et maitrisé de bout en bout, c’est bien un homme qui occupait le poste de bassiste.
Samedi 20 septembre 2025 – Journée Death Metal
TANORK
Hélo : Ce sont les très jeunes musiciens de Tanork (découverts au Motocultor cet été) qui ouvrent la journée Death du Musca, et ils impressionnent par leur énergie et la puissance de leur musique ! Rencontrés en interview, leur sincérité et leur fraicheur font plaisir à voir ! Leurs influs : Havoc, Sepultura et Vomitory pour ne citer que des pointures!
Fredouille : Et même SUFFOCATION au niveau des influences. On m’en avait dit du bien sur ces jeunes Bretons de 18-19 ans. Et je n’ai pas été déçu. Pour le premier concert du jour, TANORK a envoyé du lourd, plutôt bien en place, le bassiste et guitariste alterne assez régulièrement le chant, mais ce qui marque réellement c’est leur énergie, limite la puissance dégagée aussi, avec des compositions de qualité qui possèdent de multiples variations. Belle petite claque pour démarrer la journée du samedi et le public a carrément répondu présent à la très bonne prestation des Bretons. Rendez-vous est pris pour leur second disque qui devrait sortir début 2026, un disque qui serait a priori un peu plus virulent que « Destined To Die… ». A suivre de très prés !
Découvrir : Tanork au Hellfest
A écouter : interview de Tanork au Muscadeath
SOUTH OF HELL
Hélo : Leur succède South of Hell, groupe français entendu de loin, pas mal du tout, assez mélodique, avec des thèmes qui changent un peu dans les paroles (nature, spiritualité) par rapport au bourrinage habituel à base d’éviscération et autres joyeusetés, il me faudra revoir ce groupe originaire de Rhône-Alpes et officiant depuis une vingtaine d’années déjà.
GURKKHAS / DEVANGELIC
Hélo : Je n’ai hélas pas pu voir les Bretons de Gurkkhas sur scène, qui revenaient après une longue absence, pour délivrer un death brutal et sans concession et n‘ai entendu Devangelic que de loin (du brutal death made in Italy, plutôt classique mais bien ficelé).
Fredouille : idem qu’Hélo car probablement amené à préparer notre interview avec MASSACRA LEGACY.
KANINE
Hélo : Je reviens dans la salle pour Kanine mais c’est un peu trop deathcore pour moi, même si le jeune groupe strasbourgeois (fondé en 2020) assure bien le show, avec une belle énergie qui déchaine le public déjà bien présent ! Ce sous-genre du metal a désormais le vent en poupe, mené par des pointures internationales comme Lorna Shore ou Slaughter to Prevail.
Fredouille : Personnellement je n’ai pas accroché à ce groupe car oui c’est un peu trop Deathcore aussi pour moi. Cela dit une énergie débordante conjugué à une virulence prononcée.
MASSACRA LEGACY
Hélo : très attendue, cette reformation/hommage (difficile de trouver le bon terme) à Massacra place immédiatement le curseur au bon endroit : ce n’est ni un tribute ni une formation-bis, comme l’explique Chris (le batteur historique des premiers albums), mais bien un véritable concert du Massacra des débuts, attendu de pied-ferme par les fans venus nombreux. Aucune déception, les morceaux s’enchainent quasiment sans pause, dans une ambiance survoltée qui fait chaud au cœur.
Fredouille : En effet, et aux premières loges pour ce 1er concert officiel de MASSACRA LEGACY et la reprise de flambeau. Le groupe a tout défoncé clairement, reprenant des titres des trois premiers disques de MASSACRA, ambiance survoltée dans le public (plutôt connaisseur d’ailleurs), et une débauche d’énergie impressionnante pour une prestation XXL malgré quelques problèmes d’ampli plutôt bien gérés. Les musiciens officiant au sein de la formation sont impressionnants de maitrise et de technique. Et Moreno a assuré comme il faut avec les différents types de chant. Excellent au final !
A écouter : interview de Massacra Legacy au Muscadeath
DEMONICAL
Hélo : On avance dans la soirée avec la belle découverte pour moi de DEMONICAL : excellent concert des Suédois, qui pratiquent depuis vingt ans un Death aux quelques touches mélo bien venues, pas très éloignées de groupes comme Insomnium par exemple.
Fredouille : Ou même assez proches de DARK TRANQUILLTY serais je tenté de dire (c’est dire la qualité du groupe hein !), même si DEMONICAL n’en atteint pas les sommets. Le set est précis, carré et le groupe est parfaitement en place. Les compositions sont bonnes mais un poil trop classiques je trouve et qui ne contrastent pas suffisamment avec le chant d’un frontman énergique mais qui ne possède pas suffisamment de variation niveau vocalises. Dommage, car on sent quand même un potentiel ici ! J’irai quand même écouter sur album !
AVULSED
Hélo : L’avant-dernier groupe ne laisse aucun répit au public et assène un death très brutal : ce sont les Espagnols d’AVULSED, avec plus de 30 ans d’existence au compteur mais une énergie intacte.
Fredouille : J’ai un peu décroché au cours du set, car finalement assez brutal, mais peut être aussi un poil fatigué au fil des prestations. Et pour être tout à fait honnête je souhaitais me requinquer pour le show des Suédois d’UNLEASHED, qui n’a d’ailleurs pas déçu.
UNLEASHED
Hélo : Enfin, Unleashed délivre un set très carré, très semblable à sa très bonne prestation au Hellfest cette année (la qualité du son est d’ailleurs unanimement reconnue sur l’ensemble des concerts du Muscadeath cette année). Les Suédois honorent leur réputation et leurs ancêtres vikings, comme à leur habitude !
Fredouille : Rien à dire, prestation là aussi XXL de la part d’UNLEASHED. Le son et jeu de lumières était vraiment au top, les Suédois ont déroulé récents titres mais aussi anciens avec une maitrise parfaite, on sent un groupe qui a de la bouteille. Un des meilleurs sets du week-end.
Conclusion – Une 23ᵉ édition impeccable
Un Muscadeath plus abouti que l’an dernier, porté par des têtes d’affiche particulièrement solides (Asagraum, Belphegor, Unleashed) et des moments forts tels que le concert incandescent de Massacra Legacy ou la fougue impressionnante de Tanork.
Les découvertes sont nombreuses : USQUAM, Asagraum, Demonical…
Organisation irréprochable, ambiance conviviale (≈ 800 festivaliers), programmation cohérente : le Muscadeath confirme son statut de rendez-vous incontournable.
Un immense merci à Benoît, aux bénévoles, à toute l’organisation… et à Alexandre Saba (M&O Office) pour l’accueil et les interviews.
