VÍGLJÓS vient de sortir son deuxième album studio, « Tome II – ignis sacer », le 19 septembre 2025 via Les Acteurs de L’Ombre Productions.
Le visuel, entre ritualisme et apiculture, intrigue et attire au premier chef. Dans un champ de graminées, les membres du groupe arborent des tenues à la croisée du moine dominicain et de l’apiculteur, et semblent avoir poussé la passion de la vannerie un peu loin, avec des crosses d’inspiration épiscopale ornées d’abeilles géantes.

Le groupe donne le ton : « Le public doit se préparer à une expérience auditive, visuelle et olfactive ». Voilà qui est encore plus intrigant !
Comme son nom ne l’indique pas, Vígljós (en vieux Norois, la lumière capable de foudroyer un homme par sa puissance) est une toute récente formation, créée à Bâle en 2022 et composée de membres allemands et suisses. Ce deuxième album a été enregistré dans cette même ville chez Marc Obrist (Zeal & Ardor) au studio Hutch Sounds.
Côté musical, on embarque aussitôt dans le spirituel avec « Sowing », une petite ritournelle au mellotron, qui n’est pas sans rappeler (de loin, d’accord) l’intermède « Célébration » sur l’Esoptron de Septicflesh il y a 30 ans.
Le groupe passe à la vitesse supérieure avec le deuxième titre de l’album « A seed of Aberration ». Le groupe y assume totalement ses références (Darkthrone, Immortal et Burzum, excusez du peu), la chanson est bien équilibrée : aux cris très bruts du début succède un tempo plus lent et mélodique, très agréable, qui emmène l’auditeur avant de lui assener à nouveau des hurlements stridents, pour bien montrer qu’on n’est pas (du moins pas seulement) dans du black atmo.
Pourtant, « The Rot » repart du côté mélancolique et lent, ponctuée par les cris du chanteur, on pense à Grima pour l’aspect très mélodique et envoûtant mais aussi à Darkthrone (que le groupe cite en référence). C’est clairement l’une de mes chansons préférées de l’album.
Claviceps : avec cet autre nom de l’ergot de seigle responsable du fameux « mal des ardents » médiéval, Vígljós réveille son auditeur, pour un titre tout en tension et au rythme soutenu, où les cris donnent le frisson.
Dellusions of Grandeur affirme d’emblée une rythmique un peu groovy, pour un titre qui donne terriblement envie de headbanger d’entrée de jeu, c’est le plus long titre de l’album (7’24’’) et l’ambiance reste plutôt dansante. Le chant crié s’accorde bien avec l’ensemble et la saturation un peu exagérée des sons sur la fin du morceau.
Decadency and Degeneration s’ouvre sur une tonalité plus proche du stoner mélodique que du black, ponctué par les cris auxquels l’oreille s’habitue maintenant très bien (alors que je n’aime pas toujours ce type de chant, selon la tessiture de la voix du hurleur) et oscillant entre grosse rythmique black et cette petite ambiance teintée de sudisme. Les cris se font presque lyriques en milieu de morceau. Ce titre détrône sans surprise The Rot sur le podium de mes préférés de l’album, sans doute parce qu’il me rappelle Belenos que j’aime tant.
Harvest est un peu moins intense et un peu répétitive musicalement sur les premières minutes mais s’écoute bien, sur un peu plus de 7 minutes, avec le retour discret du mellotron qu’on avait un peu oublié !
En toute fin de morceau, le chant des petits oiseaux nous emmène dans la nature tout en douceur. Pour l’instant, la récolte est bonne mais qu’on donne une pastille au miel à ce pauvre homme !
Fallow – a new cycle begins : retour au mellotron et à ce son si particulier pour clore l’album de la même façon qu’il avait commencé, avec une variation sur le thème initié dans « Sowing », à nouveau pour un titre entièrement instrumental mais bref (à peine 2 minutes).
Bilan :
Un album assez équilibré, des titres vraiment accrocheurs comme « Dellusions of Grandeur » ou « Claviceps » et des moments plus mélodiques (intro et outro) et surtout quelques très beaux titres comme « The Rot » et surtout « Decadency and Degeneration ».
Le choix du thème de l’album, autour du fameux champignon qui s’attaquait au seigle, est original, même si la thématique des grandes épidémies (pour ne citer que 1349 par exemple) reste un classique du black metal.
Il y a sans doute une petite marge de progression, pour que le groupe trouve un peu plus clairement son identité, mais c’est excessivement prometteur !
chronique Tome II: ignis sacer“ (Vígljós, 2025) par Héloïse Ménard
Sortie de l’album le 19/09/2026 -> Viglos Tome II (shop des acteurs de l’ombre)