Rencontre avec le groupe Moonskin

 

Ils viennent de sortir leur premier album « Farewell » (sorti ce 19 octobre 2019 dernier) après un passage réussi aux Metaldays cet été, nous avons le plaisir de nous entretenir avec le groupe de métal français Moonskin. 

1) Bonjour à vous tous et tout d’abord merci de nous accorder cette interview : Pouvez- vous rapidement nous présenter le groupe (date de création, membres etc. ….. )

Teepee : Hello, nous sommes le groupe MOONSKIN et nous jouons de l’Occult Heavy/Doom. Je suis à l’origine du groupe, vers 2013 je souhaitais créer un projet différent de mes autres groupes de l’époque, qui sont dans des registres plus extrêmes, un retour aux origines du Metal, avec une sensibilité est des ambiances plus diverses, une dynamique plus variée. Je voulais que ce soit ancré dans le Doom traditionnel tel que prêché par Black Sabbath et Candlemass, avec une dimension épique. Pour réaliser ce projet j’ai d’abord fait appel à des amis musiciens que j’ai pu croiser lors de mes expériences musicales. Le premier Line-up a eu du mal à rester stable car les contraintes et envies n’étaient pas forcément compatibles avec l’avancement de Moonskin. Par chance, depuis 2015, le line-up s’est renouvelé et stabilisé, et Moonskin a pu réellement évoluer. Aujourd’hui Moonskin c’est :
Delora – Chant
Arnaud Ségui – Basse
Sami Hadhri – Guitare
Cyril Verchere – Guitare
Rachid « Teepee » Trabelsi – Batterie / Samples  

Delora : Personnellement, je suis la dernière arrivée dans le groupe, je connaissais Teepee et Sami avant de rejoindre Moonskin. C’était plus facile de rejoindre le groupe en dernier pour moi, car le cocon du groupe était déjà créé. Dès que les Skinners m’ont recruté, nous avons tout de suite bûcher sur notre premier album.

Sami: Moonskin est un groupe de Metal à dominante Doom avec des influences et un style très varié et progressif.

 

2) Quand on entend le nom Moonskin, on pense automatiquement à d’autres groupes tels que Moonspelll ou à Moonsorrow, d’où vient le nom de votre groupe ? Qui d’entre vous en est à l’origine ? et pourquoi cette référence à la Lune ?

Teepee : A la base « Moonskin » est un morceau de Samael sur l’excellent « Passage », titre que j’affectionne particulièrement. Dès les débuts je savais que je voulais utiliser ce nom, une référence à un groupe culte mais surtout je savais que le nom allait parfaitement avec les ambiances claires/obscures que je voulais véhiculer à travers la musique mais aussi dans l’imagerie et le décorum du groupe. Sinon j’aime beaucoup Moonspell et Moonsorrow 😉

Delora : Lorsque j’ai rejoint les rangs de Moonskin, le nom avait déjà été choisi depuis longtemps, mais je sais que si le créateur du groupe, Teepee, a choisi ce nom c’est en rapport avec le titre Moonskin de Samael (en passant, excellent morceau). Avec ce que j’ai apporté comme univers visuel, d’un peu ésotérisme, au final, le lien avec la lune est plutôt le bienvenu.

Crédit Photo Maurizio Imbriaco ( Metaldays 2019)

3) Pour un premier album, votre album est très abouti, on sent le fruit de beaucoup de travail, comment avez-vous procédé justement pour arriver à un résultat aussi impeccable ?

Teepee : Nous avons beaucoup travaillé pour obtenir ce résultat, je pense que le fait d’avoir une ligne directrice nous a pas mal guidés dans notre processus de création, le fait de savoir ce que l’on pouvait faire, laisser la porte ouverte à certaines expérimentations, etc… cela nous a vraiment aidé. Je ne te cache pas que ce fut très long et compliqué par moments, mais la persévérance et la confiance en notre art nous a permis de réaliser ce premier Album. Il faut également saluer tous les amis qui nous ont accompagnés à diverses étapes de la création de « Farewell » à savoir Ego, Cédric Allés et Chee Salis, les anciens membres qui ont tous laissé une part de leur aura dans notre musique. Amine Andalous et Sami Debaggi pour leur Talentueuse collaboration sur le titre « Dead Cursed Lands » Frédéric Gervais et Fréderic Patte-Brasseur qui ont co-produit l’album et qui se sont impliqués pour en faire une réussite. Anaïs Mulgrew qui a parfaitement su traduire notre univers à travers un artwork ultra soigné. Et bien sur l’équipe Musikö_Eye, notre Label qui nous porte littéralement sur ses épaules et qui nous a ouvert bien des portes.

 
Delora : Nous avons énormément travaillé sur ce premier album et nous avons mis du temps avant de réussir à le sortir, au final, c’était plus un problème de logistique, car en y réfléchissant bien, nos compos étaient prêtes depuis longtemps. En revanche, les arrangements pour le chant, harmonies vocales et chants doublés, tout cela a été fait et plus ou moins créé en studio d’enregistrement. Nous avons eu la chance de bosser avec le grand et très talentueux Frederic Gervais. Pour ma part, c’est la meilleure expérience studio que j’ai pu vivre jusqu’à maintenant. Fred est très à l’écoute, et nous étions vraiment sur la même longueur d’ondes. J’avais pas mal d’idées pour le doublage du chant mais je n’avais pas eu l’occasion d’approfondir là-dessus avant le studio. Il se trouve que Fred avait les mêmes idées et la même vision que moi sur le chant additionnel de l’album. Donc tout c’est fait très facilement et avec beaucoup d’aisance.

Sami : Je voudrais profiter de cette question pour remercier tous les anciens de Moonskin, Chee Salis et Cédric Allés qui ont beaucoup contribué à la composition de certains titres. Souvent nos morceaux commencent par une idée initiale sur laquelle on construit le reste du titre et cela avec
beaucoup d’autonomie et de liberté donnée aux différents membres du groupe. Pour ma part, ma contribution est essentiellement au niveau des solos et mélodies.

4) Il est assez difficile de vous coller une étiquette tant vos compositions sont influencées par des genres musicaux très divers. Vous-mêmes, comment définiriez-vous votre style : Plutôt doom ? Plutôt gothique, plutôt heavy ou autre ?

Teepee : Dès le départ le style a été pensé dans un registre Doomy, avec une forte coloration Heavy Traditionnel. Les différents membres ont apporté leurs influences et leurs personnalités, ce qui a enrichi le style par des éléments Gothiques, Atmosphériques, Psychés, Progressifs, Extrêmes… et au final c’est cela qui fait notre richesse et originalité.

Delora : Pour ma part, je dirais que nous faisons un genre de Heavy/Doom. Sur un morceau comme « Suffer » par exemple, on sent bien l’influence de Maiden, surtout au niveau des soli de guitares. Final Journey (mon morceau préféré) est beaucoup plus riche et hybride, limite progressif, tellement il y a de parties différentes. Farewell en revanche, c’est du doom pur et dur teinté de blues. Queen of Misery est beaucoup plus catchy, c’est d’ailleurs je trouve le morceau le moins raccord avec les autres. Il est plus rentre dedans et moins subtil. Effectivement, c’est difficile de nous coller une étiquette, mais j’ai troujours préféré être non classable, au moins ça prouve que ce que vous faisons est original.

Sami : Les Métalleux adorent mettre les groupes dans des cases. Personnellement j’ai horreur de ça, je ne veux pas être limité dans mon imagination. Il y a une dominante Doom (ça doit être l’Age moyen dans groupe :D) mais nous ne nous empêchons pas d’explorer d’autres styles surtout que nous venons presque tous d’un monde plutôt Thrash, Death

5) Vous avez joué aux metaldays en Slovénie cet été dernier, que vous a apporté cette expérience sur le plan humain ? Ce passage sur un festival d’une telle renommée vous a-t-il aidé à vous faire connaître du grand public ?

Teepee : Le Metaldays fut pour nous une expérience enrichissante sur bien des points, Moonskin en est revenu plus fort, plus soudé, plus Mur. Nous avons pu toucher des personnes qui n’auraient probablement jamais entendu parler de nous autrement, Mais le plus important fut de découvrir un pays merveilleux et un Festival à taille humaine simple mais tellement riche.

Delora : C’était vraiment incroyable de jouer là-bas. En plus, en ce qui me concerne, j’ai eu la chance de faire double set, car mon autre groupe était aussi programmé aux Metaldays. C’était une expérience unique. Les techniciens étaient vraiment super sympas, pros, efficaces et rapides. La scène était top et spacieuse, grâce à cela j’ai pu utiliser mes éventails à voiles ! Nous avons joué devant quelques français, qui ne nous connaissaient pas et qui depuis nous suivent sur les réseaux sociaux. Nous avons aussi marqué l’esprit de quelques étrangers, dont certains attendent que l’on vienne jouer dans leurs pays. Après le seul bémol, c’est que Moonskin est fait pour jouer la nuit. Tout notre univers et notre côté scénique est bien plus efficace lorsque la lune transperce le ciel. Cela s’est vérifié lorsque nous avons eu la chance de jouer au Mennecy Fest sur la scène extérieure en pleine nuit. C’était grandiose ! Mais pour revenir au Metaldays, nous avons joué en pleine journée, donc je pense que le côté visuel était moins percutant que d’habitude. Jouer en pleine journée, inclut aussi le fait que du coup, les festivaliers sont un peu tous éparpillés sur le site du fest, et comme mine de rien, il est grand, qu’il y a beaucoup de choses à faire et à voir, la plage, les deux autres scènes, les stands, la bouffe, les bars etc. Donc nous n’avons pas joué devant une grosse foule, mais ça reste quand même une très belle expérience.

Sami : Sur le plan humain, cela a contribué à rapprocher certains membres du groupe. Perso j’ai partagé, une semaine avec Cyril et sa femme ce qui nous a bien rapprochés et aidés dans un esprit d’équipe. Je pense que les galères de Teepee et Delora avec leur Van a aussi bien contribué au team-building (rires). Pour ce qui est des retombées suite au festival je ne suis pas sûr que cela nous ait réellement fait gagner en renommée, mais en ce qui concerne Moonskin, cela nous a boostés.

 

Crédit photo Maurizio Imbriaco (Metaldays 2019)

 

6) Vos paroles sont écrites en anglais, pourrais-tu nous dire rapidement de quoi parlent vos textes?

Teepee : de la prose lunaire 

Delora : Le premier texte est issu d’un poème mélancolique du 19ème siècle de Lord Byron (Farewell). Le dernier texte Final Journey est écrit à deux mains, par Teepee et moi. Les autres textes sont de moi. Ils sont très imagés, mais en règle générale ils abordent le sujet des sentiments négatifs que l’on enfouit au plus profond de notre être. Des voyages initiatiques que l’on fait pour apprendre à se connaître soi-même. De la colère que l’on peut refouler face aux épreuves que l’on rencontre.

Crédit photo Maurizio Imbriaco (Metaldays 2019)

7) De quoi vous êtes-vous inspiré pour écrire vos textes ? Comment-avez-vous procédé dans ce travail d’écriture (Est-ce un travail d’équipe ou bien est-ce qu’un membre du groupe en particulier était dévolu à cette tâche) ?

Teepee : La majorité des textes sont l’œuvre de Delora, Ego notre précédent chanteur avait proposé d’adapter des poèmes romantiques du 19éme siècle, notamment sur le morceau titre de l’album « Farewell ». Pour « Final Journey » c’est le résultat d’une collaboration entre Delora et moi, j’avais le concept du voyage initiatique dans le désert, pour faire face à ses démons et trouver sa propre identité. Delora a su apporter des idées et concepts qui ont pu compléter le texte et coller encore plus à la dimension progressive du morceau.

Delora : Pour Farewell, s’inspirer d’un poème de Lord Byron était une idée du premier chanteur (EGO). Idée que j’ai trouvée fort alléchante. Je l’ai donc conservée et je compte la réitérer pour le prochain album. Ce sera le concept sur la durée, pour les prochains albums, il y aura toujours un texte issu de la poésie du 19ème siècle, pas forcément de Byron. Pour les autres, je me suis inspirée de mon propre vécu et ressenti. L’écriture des paroles c’est plutôt mon job en temps normal. Mais comme je le disais plus haut, pour Final Journey c’est devenu un travail d’équipe, car Teepee et moi nous étions tous deux très inspirés pour ce morceau.

8) Farewell nous laisse sur de belles promesses, pouvez-vous nous dire si vous travaillez déjà à l’écriture d’un second opus ?

Teepee : Nous sommes très fiers de « Farewell » et nous avons déjà commencé à travailler sur le second opus, de nouvelles idées ainsi que des morceaux que nous ne n’avions pas mis volontairement sur le premier album. Nous avons un bon socle sur lequel continuer à créer.
Delora : Nous travaillons effectivement sur un nouvel opus, nous espérons qu’il sera à la hauteur de vos espérances (et des nôtres) ; et nous avons vraiment hâte de retourner en studio d’enregistrement pour renouveler l’expérience qui a été très enrichissante !

Sami : Inch’allah comme on dit chez nous. Aujourd’hui le focus est de capitaliser sur l’album pour faire des lives importants et se faire connaître. Nous commençons à avoir des idées pour un nouvel opus, mais nous nous rendons compte que Farewell met la barre haute et ça nous met à un niveau d’exigence élevé.

Crédit photo Maurizio Imbriaco (Metaldays 2019)

9 ) Prévoyez-vous une tournée pour 2020 si oui avez-vous des dates à annoncer à nos lecteurs ?

Teepee : Pour nous c’est important de pouvoir aller jouer partout, et partager notre musique avec le public. Nous sommes dans l’attente de certaines confirmations et cherchons encore activement des dates pour défendre « Farewell ». N’hésitez pas à nous contacter si vous avez des propositions solides !
Delora : Pour 2020, nous sommes dans l’attente de réponses sur certaines dates sympathiques. Et nous espérons faire plusieurs dates en Province.

10 ) Que peut-on vous souhaiter pour 2020 ?

Teepee : beaucoup de concerts et toucher plus de monde afin de partager notre œuvre.

Delora : Vous pouvez nous souhaiter plus de dates, plus de concerts où nous vous retrouverons pour discuter avec vous ! Et bien plus encore ! Merci pour cette interview !

Sami : Le plein de concerts en Province et à l’international. Quelques bonnes scènes dans des festivals type MetalDays … Ah et souhaitez nous du temps libre pour bosser ! 

Crédit photo Maurizio Imbriaco (Metaldays 2019)

Les Questions décalées (quelques questions un peu plus funs, un peu moins conformistes et un peu plus loin de votre actualité )

Avez-vous une anecdote, bonne ou mauvaise, de concert à nous raconter ?

Teepee : Je me rappellerai toujours de notre premier concert, la réaction du public à la fin du premier morceau du set : un long silence suivi d’applaudissements chaleureux ! on ne sait jamais comment le public va réagir lorsque le groupe n’a rien sorti, que le style ou le niveau sont inconnus et je peux te dire que pendant quelques secondes je me suis demandé si le public allait adhérer ou pas ! ouf

Delora : Houla des anecdotes on en a plein, dois-je parler de la fois où notre bassiste, Arnaud a commencé à prendre feu sur scène à cause de nos bougies ? Ou de la fois où à force d’headbanguer mes cheveux se sont pris dans les mécaniques de la guitare de Sami ?? haha !!

Sami : Au début de nos shows nous mettions des masques en plus de la cape, mais à un moment donné, l’élastique de mon masque s’est détendu du coup je n’avais plus les yeux en faces des trous ! J’ai passé tout un concert à ne rien voir et à jouer à l’aveugle. Ceci en plus de la chaleur et sueur en dessous de la cape. J’ai bien souffert !!!

Y a-t-il des choses qui vous font encore rêver de nos jours?

Teepee : Rêver et espérer sont des moteurs pour moi, toujours tenter d’aller plus loin, avancer, découvrir, s’ouvrir également à d’autres choses autrement la vie serait tellement triste.

Delora : Bien sûr, comme faire de grandes scènes, partager la scène avec des pointures du doom, jouer à nouveau à l’étranger…

Sami : Si Hemoragy a pu jouer sur la mainstage du Hellfest c’est qu’un concours de circonstances peut faire que nous le fassions aussi … Ce serait génial ça ! Petite pensée à mon ami Guillaume aka Guigouse la binouse ! Sinon, perso j’aimerai beaucoup jouer en Tunisie, j’ai des contacts aujourd’hui et ça pourrait arriver bientôt !

Avec quel groupe aimeriez-vous partager l’affiche d’une tournée ?

Teepee : Il y en a des tonnes ! je dirais Candlemass car c’est la principale influence pour Moonskin ! Mais en vrai, ce serait déjà cool de pouvoir jouer à nouveau sur de gros festivals sans négliger le real underground et les petits concerts plus authentiques.

Delora : Whoo, il y en a pleins oui, Paradise Lost, Katatonia, Electric Wizard, Anathema, Avatarium, Celtic Frost, My Dying Bride, Swallow the Sun, Triptykon, Grand Magus, Lucifer, Primordial, Batushka, Abyssic, Novembers Doom, Saint Vitus et bien d’autres !

Sami : si on a le droit de rêver, je dirais Krux ou bien Down ! 

Moonskin : merci à Elodie et Objectif Live pour cette interview, et nous en profitions pour remercier tous ceux qui nous soutiennent et qui nous suivent depuis le début ! ce n’est que le début !

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