Red Gordon

Interview du groupe Red Gordon

Red Gordon
Interview réalisée le 15 octobre 2024
Par Martine Varago

Après un passage notoire au Mennecy Metal Fest en septembre dernier et la sortie de leur second album « Nothing Less Than Everything » le 11 octobre, le groupe auvergnat révèle ses secrets de groove metal aux lecteurs d’Objectif Live. Si leur performance scénique a conquis les fans de la région parisienne et que le son du dernier opus est passé entre les mains de HK, les visuels des vidéos restent à être travaillés pour être plus percutants, plus extrêmes à la fois dans les émotions et dans leurs représentations. Représentations qui restent à être poussées dans l’imagination et la créativité tout en se nourrissant davantage d’effets visuels. Groupe soudé et explosif qui a un fort contact avec le public et un univers basé sur le thème des vices et des pulsions humaines, Red Gordon a toujours cherché à aller plus loin et à se dépasser.

Vous êtes de Clermont-Ferrand, région plus connue pour son équipe de rugby, à savoir l’ASM, ses supporters et pour ses fromages dont le Saint-Nectaire. Le monde du metal n’est pas très populaire dans la région. Comment vous est donc venue cette passion pour le metal ?
Tao : Il y a des métallos à Clermont-Ferrand et le groupe Igorrr vient aussi de cette région. Depuis tout petit, j’ai baigné dans la musique grâce à mes parents. J’écoutais de la funk car mes parents et mon meilleur ami m’ont fait découvrir la musique funk. La découverte du metal est venue progressivement, un peu plus tard, et la première fois que j’ai découvert un riff de guitare saturée, c’était Nirvana et Stephen Estatof. J’ai adoré ! Dès que j’ai eu accès à des musiques plus violentes comme Rammstein, j’ai encore eu plus envie de découvrir davantage et je me suis mis à écouter Slipknot, Pantera

Tu as fait ta conversion du funk au metal à quel âge ?
Tao : J’ai commencé à écouter du metal à l’âge de 8-9 ans avec le baladeur de ma sœur et c’était Nevermind de Nirvana. J’ai commencé ainsi à partir du grunge avant d’écouter du metal.
Lucas : Depuis mon enfance, j’ai baigné dans la musique car mon grand-père était bassiste. On écoutait du rock à la maison : Muse, Placebo, U2 et les classiques du rock, pop rock des années 2000. Je suis allé chercher, petit à petit, le metal, la technicité dans la batterie. C’est là où je m’épanouis le plus. J’ai commencé par écouter Gojira pour m’ouvrir davantage aux différents styles de metal que l’on peut écouter aujourd’hui.

À quel âge as-tu commencé à jouer de la batterie ?
Lucas :  J’avais 12 ans. Issu d’une famille de musiciens, cela aide un peu.

Tao, tu chantes en portant un masque, ou plutôt un demi masque mais en te voyant en réel on a du mal à te reconnaître. Pourquoi portes-tu aujourd’hui un masque, alors qu’au départ de la création de Red Gordon, tu n’en portais pas ?
Teo : J’ai décidé de choisir de porter un masque pour mieux me canaliser. Ce n’est pas qu’un personnage pour l’aspect visuel, c’est vraiment une extension de moi. A une époque, je me cherchais sur scène et lorsque j’étais gamin, je rêvais d’avoir un masque sur scène. Je me suis toujours vu sur scène : j’en rêvais avant de m’endormir, je m’imaginais en train de faire des concerts en écoutant de la musique ! Quand j’ai enfin pu avoir le masque désiré, j’avais peur du plagiat par rapport à d’autres groupes qui existent comme Slipknot ou d’autres groupes masqués. Il m’est donc venu l’idée de porter un demi-masque, tu vois, c’est vraiment mon concept. Donc, ça me permet de montrer que c’est bien moi qui suis derrière ce masque. Cette autre partie est là pour extérioriser mes émotions et les canaliser sur scène, tout lâcher… En fait, c’est vraiment une partie de moi, je montre ma colère, mes émotions à vif. La matière du masque permet de dévoiler mes émotions ! Le demi-masque permet de me révéler en partie et de me canaliser. Lorsque j’enfile mon masque, je me retrouve dans mon moi réel, celui que je cache, que je ne montre pas à tout le monde en général. En tout cas, je n’ai pas cherché à imiter Slipknot, même si beaucoup de personnes me disent que ça leur fait penser à Slipknot.

Est-ce que tu peux approfondir cette idée de masque qui t’aide à te canaliser ?
Tao : Depuis que je suis tout petit, j’ai toujours chanté en exprimant ma colère. Je me défoule dans le chant et c’est pour cela que j’ai un scream très viscéral, voire malsain et très violent. Lorsque j’ai chanté au début sans masque, je sentais que je ne savais pas trop ce que je faisais et je m’agitais à droite, à gauche. Le fait d’avoir mis ces outils en place permet de montrer réellement ce dont je suis capable sur scène.

Vous avez été produit par HK, l’ingénieur son Nico du Vamacara Studio. Comment êtes-vous entrés en contact ?
Tao : On l’a connu parce qu’il était le parrain du Furios Fest. Nous sommes très proches de Christophe Boury et c’est ainsi que l’on a connu Nico HK et qu’il nous a été recommandé. On l’a contacté et le feeling est bien passé. Au studio, c’était incroyable !

Vous donnez pas mal de concerts et participez aussi à un certain nombre de festivals. Vous avez fait la première partie de Dagoba, Black Bomb A, Bukowski, Sidilarsen ou encore Loudblast.
Quel a été votre première partie préférée ?

Tao : Je suis sûr qu’on est d’accord tous les deux. On le dit tous les deux ensemble à trois. Allez. Un, deux, trois !
Tao et Lucas ensemble : Sidilarsen !

Et en ce qui concerne votre participation à un festival, quelle est celle que vous avez appréciée le plus ?
Tao: Le Mennecy  Fest. On s’est vraiment éclatés ! Le premier Furios Fest pour moi car c’était également ma première participation à un festival : tout était vraiment cadré et le public était très très chaud !
Lucas : Le Mennecy Fest était vraiment super bien avant, pendant et après. Avant pour l’organisation, les gens super top, un super accueil, pendant parce que l’on s’est vraiment éclatés et qu’on a eu l’impression de faire une belle performance et l’après, les gens étaient top.
Tao : Le public était venu nous rencontrer à la fin et on a pu échanger. C’était vraiment un moment incroyable !

Quels résultats ont donné vos deux clips sortis en avril et septembre 2024 ?
Le premier « Quizzical Mind » a reçu environ 3600 à 3700 vues et plus de réactions, tandis que le second « Say My Name » est autour des 1800.

Depuis 2017, vous prétendez être un groupe qui cherche à aller plus loin et à se dépasser. Pouvez-vous approfondir votre objectif ?
Tao : Notre premier album a été enregistré rapidement. On s’est précipités et on a commis des erreurs. Quand on fait une erreur, on la répare. En conséquence, on a tout enregistré de nouveau et redistribué le premier album qui se trouve sur les réseaux. Pour le deuxième album, comme on a appris à partir de nos erreurs précédentes, on s’est bien entourés. On a fait en sorte d’aller plus loin pour que le son du second album soit plus qualitatif, que la musique proposée soit plus forte, plus agressive, plus mélodieuse, plus catchy et plus groove par moments. On cherche toujours à aller plus loin et sur scène c’est pareil. Si en studio on se démène, c’est pour être meilleurs sur scène ! Parce qu’on est un groupe de scène.
Lucas : Notre but, ce n’est pas de faire la même chose mais de passer les étapes, que ce soit sur scène ou sur le travail du son, de la musique. Nous cherchons à faire mieux à chaque fois.

Vos paroles évoquent souvent les frustrations humaines, les vices ou les pulsions. Pouvez-vous illustrer par des exemples ?
Tao : Pour le vice, on peut parler d’ « Inner Repeat ». C’est la boucle mentale, des choses qui tournent en boucle et où tu n’y arrives pas. Plus tu te répètes ça et moins tu y arrives. Cela fait partie des vices humains : toujours rester dans le même problème, par égo, par acquis de conscience. Les pulsions humaines « Useless » : toujours croire que tu es incapable et que tu ne pourras jamais t’en sortir. Une petite voix qui te dit que tu n’étais pas capable. « Deep Breath » : tu aimerais bien être comme tout le monde mais ce n’est pas possible car tout le monde est différent.

Quel est le dernier message que vous aimeriez faire passer ?
Lucas : On a beaucoup travaillé sur ce second album et on aimerait bien que les gens comprennent l’intensité que l’on a mise dedans.
Tao : On remercie toute la communauté qui s’est créée. Elle est présente et nous fait comprendre qu’elle nous soutient. Cela fait un bien fou de savoir que l’on est suivis. On remercie aussi nos équipes, que ce soit HK, Lucie pour les graphismes et nos copines aussi !

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