L’album de la semaine : Thoughtscanning (we all die (laughing) )

We-All-Die-Laughing_cover

Sortie: Janvier 2014

Label : Kaotoxin Records

Genre : “métal sombre progressif et torturé”

Titres :

1 Thoughtscan

2 : back to black (Amy Winehouse cover)

 Membres :

– Déhà (Musique et textes, chant, tout instrument sauf clarinette jouée par Florence Beuken)

– Arno Strobl (Chant, textes)

– Artwork : Maxime Taccardi

wealldielaughing_groupe

 Parfois, un très bel album ne tient pas un grand-chose. Parfois, un très bel album tient simplement à la rencontre de deux artistes hors norme et c’est bien de ça dont il s’agit pour « Thoughtscanning » album-titre d’une trentaine de minutes, format peu courant auquel s’étaient essayés à leur époque les pionniers du deathmetal suédois Edge of Sanity avec leur inoubliable « Crimson ». Ici, le duo We all die (laughing) nous offre un ovni musical dont l’écoute ne m’a pas laissé sans séquelles émotionnelles, j’ai donc voulu vous faire partager ce voyage introspectif de trente-trois minutes en l’examinant à la loupe.

Faisons tout d’abord, si vous le voulez bien, les présentations des deux compères à l’origine de cet album :   « Thoughtscanning » a été composé à la base par un jeune musicien et producteur d’origine belge nommé Déhà, dont j’avais entendu parler vaguement par quelques amis communs à lui sans jamais m’être penché sur sa pléthorique discographie ni même sur sa participation à des dizaines de projets musicaux (Clouds, Sources of I , Maladie, YHDARL pour ne citer que les principaux). C’est vraiment peu dire en affirmant que l’auteur de « Thoughtscanning » jouit d’un passé musical aussi conséquent que varié, allant du funeral doom au black metal dépressif en passant par le grind core ou encore même le rap. C’est donc à une personnalité déroutante, inspirée et éclectique que s’est allié Arnaud Strobl, l’autre membre de ce duo. Quand je parlais de personnalité hors norme, on peut effectivement affirmer qu’Arnaud Strobl en est une belle illustration, Crooner déjanté de Carnival in Coal et plus récemment de 6 :33, vocaliste hors paire aux intonations reconnaissables entre mille, la rencontre de ces deux-là nous promet d’emblée quelque chose d’inédit et d’exceptionnel.

Contrairement à beaucoup, qui sont tombés sous le charme de « Thoughtscan » dès la première écoute, j’ai découvert We all die (laughing) grâce à leur reprise du titre « Back to black » (Amy Winehouse) qui fait office de bonus track de l’album. Une reprise intelligente et plaisante quoiqu’un brin évidente si vous connaissez un peu la discographie de Carnival in Coal, j’ai donc réellement découvert « Thoughtscan » le fameux morceau de trente-trois minutes, quelques mois après sa sortie, et quelle ne fut pas ma surprise. Il faut bien se l’avouer, cet album titre est totalement déroutant, de par son format peu commun mais aussi, mais surtout par son impressionnante diversité musicale. Sa structure à la fois cohérente et inédite l’est tout autant : On débute ainsi par une introduction au tempo lent, amenée par une basse suave et bien présente sur laquelle Arnaud Strobl nous fait part, avec une voix comparable à celle de Mike Patton (Faith no more, Fantômas) de son dégoût de lui-même en dressant un constat peu reluisant de son existence et de la coquille vide qu’il est. Quand soudain, les cris tourmentés de Déhà viennent rompre la calme balade introspective qui s’annonçait, en vous frappant en plein cœur par toute cette turpitude que laisse échapper sa voix. Bravo à vous Messieurs! vous venez d’atteindre un de vos objectifs en nous ayant si agréablement surpris et pris par les sentiments.

Et Justement, nous ne sommes pas au bout de nos surprises …. Les instruments présents sur ce morceau agissent dans ce sens, notamment à la huitième minute, quand surgit de nulle part une clarinette aux accents mélancoliques dont le son vient créer un break aussi fantastique qu’inattendu. Les parties vocales y sont également pour beaucoup : ça hurle et ça growle là où ne s’y attend pas, cet effet de surprise accentue davantage ce tsunami émotionnel qui nous ravage littéralement. Cet album n’est pas là pour faire dans la monotonie, on se laisse distraire, entre autres facéties de nos deux trublions, par un extrait du film « le cœur des hommes » de Marc Esposito qui vient illustrer parfaitement l’imbroglio spirituel dans lequel se trouve notre conteur. Je ne vais pas vous dévoiler tous les détails truculents de cet album, le mieux étant d’en découvrir les richesses et tout l’émerveillement que son écoute procure de vos propres oreilles.

Avant de conclure, il est important de revenir sur l’aspect musical que nous n’avons pas vraiment abordé. « Thoughtscanning » nous propose un échantillon de tempos et de styles aussi divers que variés qui viennent couper court à toute monotonie. Des riffs tantôt atmosphériques tantôt progressifs s’entrechoquent à des rythmes ouvertement black métal, la batterie y est pour beaucoup, elle est omniprésente et pourrait presque se targuer de tenir le rôle de troisième homme dans ce numéro de haute voltige, la basse n’est pas en reste, sa rondeur nous envahit et nous caresse l’âme du début à la fin. On ne peut qu’être admiratif devant ce déploiement de génie musical.

Pour Conclure, « thoughtscanning » est un album qui pourrait faire figure d’album sans défaut : les joutes vocales sont d’un niveau exceptionnel, sa musicalité est aussi envoutante que surprenante. C’est, de plus, un album que l’on s’approprie très vite, le texte est d’une telle fluidité qu’il pénètre facilement les esprits : Méfiez-vous, vous risquez fort de vous retrouver à fredonner sous la douche « this was the first time, this was the first time in a lifetime ….. » peut-être pas aussi bien que le fait Arnaud Strobl certes, mais il est quasi certain que plusieurs passages de ce morceau vont vous rester en tête un bon moment. Même si ils ont mis la barre très haut pour ce premier projet en commun, nous espérons que Déhà et Arnaud Strobl nous offriront d’autres pépites du genre. Evidemment, « Thougthscanning » n’est pas un album qui peut plaire à tout le monde. Il nécessite une certaine ouverture d’esprit, mais aussi une certaine capacité à se laisser aller sur le plan émotionnel. C’est un album riche, complexe, torturé qui nécessite plusieurs écoutes avant d’en saisir toutes les subtilités. Pour toutes ces raisons, prenez le temps de l’écouter jusqu’au bout et ne vous arrêtez pas en route sous peine de passer à côté d’une œuvre aux qualités rares.

Quelques liens utiles:

https://www.facebook.com/wealldielaughing

http://www.kaotoxin.com/shop/page/2/

http://musicalexcrements.bandcamp.com/

https://www.youtube.com/watch?v=pr7r0OYlQ5Y

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